Après deux coups de boost en 2022 (+10%) et en 2023 (+5,4%), le barème kilométrique a été gelé en 2024. De quoi relancer le match frais réels VS déduction forfaitaire de 10%. Voici comment choisir la meilleure option pour votre impôt sur le revenu.

Vous déclarez un salaire ? Ou des revenus tirés d'une activité indépendante ? Si jamais vous prenez la voiture ou un deux-roues pour vous rendre au travail, voici un petit exercice de simulations qui vaut a minima le coup d'être testé.

D'un côté : l'abattement forfaitaire. 10% de vos revenus en moins. Il est automatique. Le fisc réduit automatiquement vos revenus d'activité préremplis de 10%, par exemple 2 400 euros d'abattement pour 24 000 euros de salaire annuel.

De l'autre côté : les frais réels. Ce qui sous-entend forcément une déclaration un peu plus chronophage... Alors vive la simplicité ? Peut-être... mais des milliers de contribuables ont encore intérêt à basculer vers les frais réels, malgré le gel du barème kilométrique en 2024. Voici comme vérifier si c'est votre cas.

A savoir. Peu importe la composition de votre foyer. L'option frais réels est un choix individuel : au sein d'un couple, l'un peut choisir le forfait de 10% et l'autre détailler ses frais réels.

1 – Testez le barème kilométrique

Ce qui change réellement la donne, entre option frais réels et abattement forfaitaire de 10%, ce sont les frais kilométriques, si vous utilisez votre véhicule personnel, voiture, scooter ou moto, pour vous rendre au travail. Voici le barème kilométrique pour l'imposition des revenus 2023, pour les voitures thermiques et électriques

Barème kilométrique applicable aux voitures (en €)
Puissance administrative (en CV)Distance (d) jusqu'à 5 000 kmDistance (d) de 5 001 km à 20 000 kmDistance (d) au-delà de 20 000 km
3 CV et moinsd x 0,529(d x 0,316) + 1065d x 0,370
4 CVd x 0,606(d x 0,340) + 1 330d x 0,407
5 CVd x 0,636(d x 0,357) + 1 395d x 0,427
6 CVd x 0,665(d x 0,374) + 1 457d x 0,447
7 CV et plusd x 0,697(d x 0,394) + 1 515d x 0,470

Ce tableau vous provoque un haut-le-cœur ? Vous ne connaissez même pas le nombre de chevaux fiscaux (CV) de votre voiture ? Pas de panique...

Première étape : prenez votre carte grise. La « puissance fiscale » ou plus précisément « puissance administrative nationale » figure à la ligne « P.6 ».

Deuxième étape, combien de kilomètres faites-vous environ chaque année pour vos trajets domicile-travail ? Estimez le nombre de jours où vous vous rendez sur votre lieu de travail.

Exemple, pour un temps plein et 5 semaines de congés payés. Comptez 235 jours (47 semaines travaillées x 5 jours), donc 230 jours si vous avez une semaine de RTT, 220 jours environ si vous avez une journée de RTT par mois et quelques jours de congés payés supplémentaires, etc. Ou 180 jours de présence si vous ne vous rendez sur place que 4 jours par semaine (en cas de télétravail ou de temps partiel, par exemple) et que vous avez 5 semaines de congés + 2 semaines de RTT.

Calculez ensuite le nombre de kilomètres effectués chaque année, en prenant en compte l'aller-retour. Par exemple, si vous êtes à 10km et à temps plein, 20km par jour 235 fois par an : 4 700 km à l'année.

Troisième étape : estimez vos frais annuels avec le simulateur officiel du fisc. En effet, avec la puissance fiscale de votre véhicule et le kilométrage annuel que vous venez de calculer, vous avez suffisamment d'éléments pour utiliser le barème kilométrique ci-dessus... ou pour vous simplifier la vie avec le simulateur « calcul des frais kilométriques » sur impots.gouv.fr.

bareme kilométrique

Le fisc vous dévoile le montant de vos frais kilométriques. Vous avez déjà une idée claire du match « frais réels VS abattement forfaitaire ». La déduction forfaitaire étant égale à 10% de vos revenus (3 000 euros d'abattement pour 30 000 euros de salaire annuel), il suffit de comparer ce forfait au chiffre obtenu grâce à la calculette du fisc. Si le montant des frais kilométriques dépasse déjà le montant de l'abattement, vous avez intérêt à passer aux frais réels ! Direction case 1AK (ou 2AK) pour déclarer vos frais réels.

Comment estimer précisément votre kilométrage annuel ?

Le principe reste celui de la bonne foi du contribuable. Attention tout de même à ne pas surestimer le nombre de kilomètres déductibles ! Mais tant que les distances sont crédibles par rapport à votre trajet domicile-travail, aucune inquiétude.

Pour les deux-roues, le principe est le même mais le barème est différent. Idem pour les véhicules électriques. Il suffit d'indiquer le type de véhicule sur le simulateur du fisc.

2 – Télétravail, repas... Ajoutez tous vos frais annexes

Les frais kilométriques sont, sauf surprise, l'élément décisif dans ce match entre frais réels et déduction forfaitaire automatique à 10%. Il penche vers les frais réels ? Lancez-vous alors dans la recension détaillée de tous vos frais engagés pour votre travail, au-delà des frais de déplacement :

  • les frais de repas (sans compter évidemment la part prise en charge par votre employeur, que ce soit via les titres-restaurant ou participation aux frais de cantine) ;
  • les frais de matériel, mobilier ou fournitures, y compris s'il s'agit d'équiper votre domicile au télétravail (sans compter évidemment les frais déjà indemnisés par l'employeur) ;
  • les frais d'achat de vêtements nécessaires à l'exercice professionnel ;
  • les frais de locaux professionnels, etc.

Tous les détails sur la déduction des frais réels

Le boom du télétravail complique évidemment la donne, notamment si vous déclarez une pièce dédiée à votre travail dans votre logement. Là encore, vous pouvez réaliser un calcul détaillé... ou opter pour un montant forfaitaire : cette année 2,60 euros maximum par jour de télétravail à domicile, avec un maximum forfaitaire de 57,20 euros par mois ou 603,20 euros par an.

Où et comment détailler le calcul ?

Gardez vos justificatifs 3 ans, sans nécessité de les joindre à votre déclaration. Mais détaillez tout de même le calcul de vos frais réels à la rubrique « informations » de la déclaration en ligne (ou, dans la rubrique « détails » de la rubrique « Traitements, salaires », cliquez sur « suivant » puis « option frais réels »).

Vous hésitez ? Correction automatique si la déduction forfaitaire est plus intéressante

Calcul complexe ? Peur de faire un mauvais choix ? Dans le doute... pas d'inquiétude : l'option frais réels ne vous fera pas perdre d'argent. Si vous optez pour les frais réels à tort, la DGFiP corrige automatiquement pour le barème forfaitaire.