Le nombre de signalements de soupçons à la cellule de renseignement financier rattachée au ministère de l'Economie, Tracfin, chargée notamment de déceler le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, a atteint un record en 2023, avec une hausse particulièrement forte dans le secteur des cryptoactifs.

Au total, 186.556 signalements relatifs à des opérations financières suspectes ont été transmis à Tracfin, a annoncé jeudi Bercy. Le nombre est en hausse de 15% sur un an, et marque une « multiplication par sept en dix ans ».

L'année passée, 94% des déclarations provenaient du secteur financier, notamment des banques - une proportion « stable par rapport aux dix dernières années ». Les établissements sont tenus de faire remonter les soupçons d'activités illicites.

La hausse des déclarations de la part des prestataires de services sur actifs numériques (PSAN), plateformes d'achat et de vente d'actifs numériques comme le bitcoin, était particulièrement forte (+339%), tout en restant marginales en ne représentant que 0,8% des déclarations du secteur financier.

Le plus souvent, les déclarations portent sur des soupçons « d'escroqueries, d'utilisation de faux documents ainsi que d'achat de contenus pédopornographiques », selon le rapport annuel, qui pointe toutefois la nécessité d'amélioration de la « qualité des déclarations ».

Les « établissements de monnaie électroniques », qui ne peuvent gérer que les transactions électroniques mais pas en espèces représentent, eux, 6% des déclarations du secteur financier, avec une hausse de 146% sur un an. Cela inclut par exemple les cartes prépayées.

Le nombre croissant de déclarations de ces secteurs est « en adéquation » avec le risque « très élevé » de blanchiment et de financement du terrorisme identifié pour ces activités, note Tracfin.

Les plateformes de financement participatif (dont les cagnottes de dons) ont vu leur nombre de déclarations augmenter de 10%, à 406 signalements, portant à deux tiers sur un risque de financement du terrorisme.

« Le volume de déclarations de soupçon émanant du secteur non-financier représente environ 6% du total, avec 11.525 déclarations, soit une hausse de 8% par rapport à l'année précédente », explique Tracfin dans son rapport annuel. Une hausse notamment due aux déclarations de la part des « notaires, casinos et clubs de jeux ».

Ces premiers représentent 28% des déclarations du secteur non-financier, avec des signalements portant « essentiellement » sur des transactions immobilières.

« Les principaux critères d'alerte sont l'absence de prêt (critère dans deux tiers des déclarations) mais également un doute sur l'origine des fonds (critère dans 41% des déclarations) », selon Tracfin.